1904-1917
Au début du 20e siècle, le désordre régnait dans le monde du baseball montréalais. La Ligue provinciale avait bien voulu mettre un peu d’harmonie dans cet état de choses mais beaucoup de travail restait à faire pour consolider les forces qui allaient bientôt faire du baseball le sport le plus populaire dans la métropole. Suite à l’effondrement de la ligue en 1903, un tout nouveau circuit prend sa suite, la Ligue canadienne de l’est. Regroupant sensiblement les mêmes équipes que la Provinciale, elle peine à se maintenir en vie plus que quelques années. Les Mascottes sont sacrés champions lors des deux premières saisons assurant à nouveau leur suprématie à Montréal mais également au Québec. La ligue cesse ses activités en 1907.
Trois ans plus tard, la Ligue de la cité de Montréal voit le jour. Les Mascottes en font bien sûr partie et remportent le premier championnat de la ligue en 1910. Regroupant des équipes tant francophones qu’anglophones, la ligue de la Cité connait un succès immédiat en regroupant sous une même bannière des éléments qui étaient auparavant disparates. En activité jusqu’en 1920, la ligue a un impact incroyable. Présentant un bon spectacle aux partisans et étant de fort calibre, elle réussi à soutirer des spectateurs au Royaux, ce qu’aucune autre entité n’avait pu réaliser jusqu’à ce moment. Elle allait surtout former des joueurs intelligents qui allaient plus tard former le noyau de la Ligue provinciale des années trente et quarante en tant que dirigeants, gérants et même joueurs.
Pendant ce temps, les Royaux connaissent des performances mitigées. Entre 1903 et 1915, l’équipe ne peut terminer plus haut que la cinquième position au classement de la Ligue Eastern. Elle termine au troisième rang en 1916 mais elle déménage à Baltimore pour1917, la Ligue jugeant Montréal trop éloignée des autres villes américaines en ce temps de restriction des déplacements causé par la Première Guerre mondiale. Les Royaux auront bien intégré Montréal au sein du réseau du baseball professionnel américain et auront galvanisés la pratique du baseball dans la métropole. N’alignant que quelques Québécois au cours de leur présence à Montréal et évoluant dans la partie anglophone de la métropole, ils n’auront jamais véritablement gagné le cœur des partisans francophones même si les journaux de langue française en faisait la couverture de manière abondante.
Le vrai moteur du baseball dans la métropole, l’élément qui en fait dorénavant le sport le plus populaire à Montréal, toute discipline confondue, demeure l’activité amateur. Pas moins d’une centaine de clubs existent à chaque année à Montréal entre 1903 et 1917. La page sportive du quotidien La Presse consacre plus des deux tiers de sa couverture à ces jeunes clubs qui n’évoluent pas dans des ligues mais qui se lancent des défis entre eux, pour la gloire de la chose mais également pour de l’argent. Les vénérables Mascottes iront même eux aussi jusqu’à accepter de lucratifs défis à plusieurs reprises. Chaque paroisse de la ville à son club, quelques fois même plusieurs. Les usines, les commerces en ont également. C’est par cette facette de la pratique que le baseball atteint son heure de gloire dans la métropole.
Événements qui font la une dans tous les quotidiens montréalais, Ty Cobb, le meilleur joueur des majeures de son époque effectue deux visites à Montréal alors que le baseball atteint son apogée dans la métropole. La première, le 10 octobre 1915 a attiré près de 5000 partisans au terrain du National dans l’actuel quartier Hochelaga-Maisonneuve. Cobb évoluait pour une équipe composée de joueurs locaux et disputait la victoire à l’équipe d’étoiles de la Ligue de la cité. Preuve du fort calibre de cette ligue, les joueurs de Cobb furent défaits par un pointage de 9 à 6. Sa seconde visite eu lieu le 7 octobre 1917 sur le terrain des Shamrocks, la où on retrouve aujourd’hui le marché Jean-Talon. Trop loin des quartiers francophones et possiblement parce que la joute se déroulait en même temps que la finale de la Ligue de la Cité, l’événement n’attira seulement que 1500 personnes. L’équipe de Cobb fut défaite 3 à 2. Henri Clément, un lanceur évoluant dans la Ligue de la cité fut le héros du jour, lançant 7 manches et retirant 5 frappeurs sur des prises.
Le baseball allait par la suite atteindre une période de déclin. Les Royaux partis, la Ligue de la Cité ayant cessé ses activités et la Grande crise qui frappe de plein fouet les Montréalais, tout cela allait étouffer l’ardeur du baseball dans la métropole. Quand les Montréalais auront à nouveau le cœur à la fête, c’est le hockey qui retiendra toute leur attention. Il faudra attendre le retour des Royaux en 1928 et leur premier championnat en 1935 pour voir le baseball reprendre de sa vigueur. L’arrivée en 1946 d’un certain Jackie Robinson au sein de l’équipe où évoluait les Gladu, Roy et Bréard redonnera finalement au jeu glorieux la popularité qu’il avait perdue.